Détails architecturaux

« Les moellons équarris jointoyés sont indiqués pour toute la construction. Nous avons absolument proscrit à l’extérieur tous les enduits parce qu’ils sont aussi coûteux que les joints, parce qu’ils ne sont pas solides et parce qu’ils offrent toujours, sous notre climat froid et humide un aspect sale et désagréable. En laissant les moellons apparents, nous obligeons du reste, l’entrepreneur à soigner davantage une maçonnerie dont il ne pourrait ainsi que difficilement cacher les défauts. » F.D.

image : LE PULEY

« La critique adressée à l’emploi du moëllon apparent et de la pierre taillée, comme plus coûteux que l’emploi de la brique, ne se justifie ni par l’usage, ni par les prix du pays. Les habitants du bourg de Saint Martin en Bresse, qui certes ne font pas des constructions de luxe, emploient aujourd’hui les moëllons dans les murs tels qu’ils sont levés dans les carrières du Jura et la pierre taillée pour les encadrements d’ouvertures, même dans les constructions rurales. »F.D.

A noter : la pierre de taille, généralisée pour les chaînes d’angles, les retraites de parements à chaque niveau, les corniches, les rampants et crossettes de pignon, et d’une manière générale pour tous les supports (corbeaux, piliers d’arcades) proviennent le plus souvent de carrières locales. Toutefois, certaines sont importées de carrières réputées mais éloignées des chantiers (Saint-Martin-Belle-Roche pour Chasselas, La Roche-Vineuse, Massilly, La Vineuse pour Lournand, La Roche-Mouron (Etang-sur-Arroux) et Chambois (Tavernay) pour La Grande-Verrière, pierre ocre de Clessy en Charolais pour Perreuil, etc. On sait par exemple pour Thurey que la pierre était acheminée par train de Fontaines en Chalonnais jusqu’à Louhans où un tailleur de pierre la prend en charge, puis, une fois taillée, transportée par charroi sur le chantier. A Cussy-en-Morvan, les supports de voûtes des préaux conservent les marques des tâcherons. Dulac lui-même exploitait ses propres carrières à l’aide de tailleurs qu’il avait formés, et faisait livrer la pierre à partir de la gare de Genouilly.

St Germain-les-Buxy. Dessin de l’architecte
Archives privées

Image : SAINT-BERAIN

image : THUREY

« Toutes les ouvertures sont encadrées de pierre taillée et ont des linteaux droits. Les chanfreins qui accusent les arêtes intérieures n’ont pas été projetés seulement pour donner un meilleur aspect à la construction, mais aussi pour prévenir les éraflures et les écornures que subissent si facilement les arêtes laissées vives. » F.D.

A noter : au-dessus des baies, les linteaux sont protégés par des arcs de décharge, généralement briquetés, associant ainsi l’effet esthétique à la structure (voir ci-dessous « Décor »).

BURGY. Dessin de l’architecte
Archives privées

image : LA GRANDE-VERRIERE

image : BLANOT

image : CHASSELAS

« L’escalier tout en pierre ne coûtera pas plus cher qu’un escalier en bois bien fait et sera d’une durée indéfinie. Il est aussi simple que possible ; toutes les marches reposent d’un côté sur un mur de refend, de l’autre sur un noyau de briques hourdées au mortier de ciment ; elles sont simplement taillées au carré sur le devant et délardées en dessous. » F.D.

image : LA GRANDE-VERRIERE

image : SAVIANGES

« Les têtes de cheminées sont prévues en pierre taillée. Nous supprimons ainsi pour l’avenir les nombreuses et ennuyeuses réparations que nécessiterait l’adoption de têtes en briques. » F.D.

ST-GERMAIN-LES-BUXY. Dessin de l’architecte
Archives privées

image : MESSEY

« Nous avons complètement proscrit les combles à arêtiers qui compliquent inutilement les charpentes, coûtent cher et occasionnent de nombreuses et fréquentes réparations. Tous les murs pignons sont terminés par de vraies pointes de pignons dans lesquelles sont ouvertes les fenêtres des greniers ; ils sont tous revêtus de dalles à recouvrements qui par leurs saillies les préservent complètement des infiltrations d’eau et assurent la stabilité de toutes les tuiles en éloignant de leurs rives l’action des grands vents. Les revêtements des dalles sont d’une durée indéfinie et ne demandent aucun entretien. »F.D.

Sommant. Dessin de l’architecte
Archives privées

«  Les charpentes et les planchers sont établis en bois de sapin. » F.D.

« Les combles sont couverts de tuiles à emboîtement qui nous paraissent suffisamment solides placées entre deux pignons couverts de dalles et inclinées à 45 degrés. Les faîtières sont à recouvrement doubles et à clefs, système très solide qui permet la suppression du mortier. » F.D.

« Le sol de tous les étages est couvert de carreaux en terre cuite par économie et par propreté. Dans la salle de classe un parquet serait indiqué, mais il devrait être en chêne posé sur bitume et nécessiterait une dépense que le conseil municipal de Moroges n’autoriserait pas. Nous repoussons les planchers de sapin parce qu’ils s’usent rapidement, parce qu’ils ont une sonorité insupportable, parce qu’ils sont très difficiles à entretenir propres. Un bon carrelage posé à bain de ciment sur des voûtes en briques, comme nous le proposons ici, nous semble préférable et suffisamment sain. » F.D.

A noter  : les terres cuites (briques, tuiles, carreaux) proviennent des entreprises céramiques de la région. Toutefois, Dulac attribuait à chaque production des qualités spécifiques qui les destinaient à des usages distincts. Il recommandait l’emploi de tuiles très cuites provenant des usines de Chagny, Saint-Julien-sur-Dheune, Montchanin et surtout Saint-Jean-des-Vignes (Derain et Cie), mais ne mettait rien au-dessus des tuiles non vernies en grès de l’usine Bonnot à Ciry-le-Noble.

image : BISSY-SUR-FLEYY

image : CUSSY

« La plate-forme de l’estrade de l’institutrice et les marches qui la précèdent sont en pierre. La sonorité désagréable du bois est ainsi évitée et la solidité est complète. » F.D.

A noter  : à l’occasion, Dulac dessinait lui-même le mobilier scolaire et le faisait exécuter par les ébénistes locaux.

image : LA GRANDE-VERRIERE

TRAMAYES. Dessin de l’architecte
Archives privées

« Tous les planchers sont composés de solives placées sur leur diagonale reliées entre elles par des briques creuses posées à plat et enduites. Les bois sont laissés apparents. Ce mode de construction a le grand avantage de ne pas envelopper les bois dans les enduits, d’être beaucoup plus solide et beaucoup plus chaud que celui qui nécessite le vulgaire plafond et de ne pas coûter notablement plus cher. » F.D.

A noter  : les solives sont intercalées entre des poutres ou lambourdes, le plus souvent composées de deux pièces de bois entre lesquelles sont intercalés des fers boulonnés.

image : SAINT-MARTIN-D’AUXY

« Toutes les menuiseries extérieures sont en bois de chêne très fort revêtu de trois couches de peinture à l’huile ; celles de l’intérieur en bois de sapin également peintes sont aussi très solides et très simples. » F.D.

THUREY. dessin de l’architecte
Archives privées

image : CHISSEY

« La salle de classe est ventilée par les larges châssis mobiles de la partie supérieure des fenêtres mus par un appareil spécial. Les châssis inférieurs des fenêtres (moitié de la superficie) sont dormants. » F.D.

« Des cheminées en pierre polie massive remplacent la cheminée plaquée si peu solide et si vulgaire du commerce. » F.D.

LA GRANDE-VERRIERE. Dessin de l’architecte
Archives privées

« Les chéneaux en zinc sont très solidement fixés sur les chevrons entre le dernier et l’avant-dernier rang de tuiles ; la saillie assez prononcée du toit permet avec cette disposition que les descentes suivent sans coudes les lignes verticales des murs. » F.D.

LE PULEY. Dessin de l’architecte
Archives privées

« La serrurerie est toute d’excellente qualité. Nous n’avons pas cru qu’il était d’une sage économie d’employer de la serrurerie médiocre à bas prix qui maintiendrait insuffisamment les menuiseries et demanderait des réparations fréquentes. »

SAINT-BERAIN. Dessin de l’architecte
Archives privées

Les arcades

La fonction principale de l’arcade consiste à ouvrir la galerie et à intégrer dans-œuvre le préau couvert, habituellement conçu comme dépendance extérieure, dont on facilite ainsi l’accès et la surveillance ; mais elle est aussi un moyen de procurer un éclairage naturel indirect pour les salles de classe. Enfin sur un plan esthétique, l’arcade, par sa ligne courbe, le plus souvent soulignée d’un rang de briques rouges, atténue l’austérité de la façade. Elle retombe sur un jeu de piédroits et de piliers chanfreinés couronnés de chapiteaux (le chanfrein protège la pierre des écornures aux arêtes vives et prévient les blessures tranchantes aux enfants).
L’arcade n’est pas réservée à l’architecture scolaire puisqu’on la trouve à Saint-Ambreuil (maison de retraite), Bourbon-Lancy (pavillon des bains), Saint-Vallerin (lavoir). L’ « arcade dulacienne », jamais imitée en architecture scolaire, fut toutefois introduite par l’architecte François Sire (hommage d’un confrère ?) dans le lavoir des Neuf-Fontaines à Fley, dont Dulac avait dressé l’avant-projet peu avant son décès.

image : LE PULEY

image : COLLONGE

Le préau-galerie

Le préau-galerie, quand il occupe le niveau de soubassement (Le Puley, Cussy-en-Morvan,
Sommant, Tramayes), est souvent couvert, comme les sous-sols d’autres édifices, d’un système de voûtes original : entrevous de briques parfois solidaires d’une armature métallique, formant plusieurs travées, et contrebutés par de grands arcs surbaissés. Ce dispositif, par son effet spectaculaire, conduit certaines municipalités à une reconversion des espaces ainsi créés (auberge à Sommant, bibliothèque et salle des fêtes à Cussy-en-Morvan).

image : LE PULEY

image : SOMMANT

Le décor

Chez Dulac, le décor est toujours lié à la structure : pas d’ornementation artificiellement plaquée sur les façades, tel était l’un des principes de l’architecture rationaliste de Viollet-le-Duc. Comme celle-ci, le vocabulaire architectural de Dulac est essentiellement inspiré par le style gothique, considéré comme un art « typiquement français » et parfaitement adapté à la mise en œuvre des techniques et matériaux modernes. D’abord appliqué aux édifices religieux (constructions ou restaurations) le style néo-gothique s’est étendu aussi à l’architecture civile. L’originalité, pour Dulac, consiste à singulariser chaque bâtiment par un ou plusieurs éléments décoratifs qui l’identifient : clocheton à Savianges, portail en arc brisé à Messey-sur-Grosne, linteau trilobé à Chasselas et Marcilly-les-Buxy, etc.
L’introduction du style néo-gothique rompt avec le décor habituel de l’architecture scolaire, souvent discret et d’inspiration classique.

image : MESSEY

image : SAINT-MARTIN-EN-BRESSE

image : SAVIANGES

Les latrines

Bien que les latrines figurent sur tous les projets soumis à l’administration, leur construction est parfois différée par rapport à la celle de l’école (aussi curieux que cela puisse nous paraître !). Les règlements très stricts laissent peu de place à l’imagination, néanmoins les dessins de Dulac font apparaître un stéréotype pour ces dépendances, sous l’aspect d’un appentis encadré de hauts murs.

SAVIANGES. Dessin de l’architecte
Archives privées

TRAMAYES. dessin de l’architecte
Archives privées

image : ECUISSES

« Un calorifère à récipient d’eau et à prise d’air chauffera la salle de classe. » F.D.

CHASSELAS. Dessin de l’architecte
Archives privées

« Les enduits intérieurs du logement de l’institutrice sont revêtus de papiers à bas prix. Dans la salle de classe tous les soubassements à hauteur d’appui sont ravalés au ciment. Nous prescrivons là le ciment parce qu’il est inattaquable par les enfants et très facile à tenir propre. » F.D.

« Les murs de la salle de classe au-dessus des soubassements et ceux de l’escalier recevront un enduit au mortier bâtard peint à fresque orné de larges bordures. » F.D.