Architecture scolaire, quelques repères du XXe à nos jours.
Au début du XXe siècle, l’effort sans précédent, en terme de construction scolaire, a porté ses fruits. Le nombre d’établissements a doublé en moins de 70 ans. En 1900, près de 85 000 écoles quadrillent le territoire national (source Alain Dessertenne et Jean-François Rotasperti, La Maison d’ノcole, Groupe 71, 1990), relayant les valeurs républicaines et laïques. Villes et villages sont balisés par ces édifices qui se démarquent strictement de l’architecture domestique, et s’imposent comme des lieux essentiels d’un nouvel ordre civil au sein duquel l’éducation occupe une place centrale. Si ce socle culturel, architectural et urbain, demeure un repère encore visible aujourd’hui, de nombreuses évolutions ont depuis bouleversé cet ordre premier.
Durant « l’entre-deux guerres « le développement économique et l’industrialisation de certains secteurs font naître de nouveaux quartiers ouvriers, nécessitant la construction d’écoles. Les avancées techniques et la mise au point de nouveaux matériaux, tel que le béton armé, génèrent dans le même temps d’importants changements dans le secteur de la construction.
A Paray-le-Monial
A Paray-le-Monial, le quartier situé au sud de la voie ferrée, comprenant notamment la cité ouvrière édifiée par la compagnie PLM, voit se construire en 1937, rue de Bellevue, un nouveau groupe scolaire. Celui-ci comprend l’école des garçons, l’école des filles ainsi que la bibliothèque. L’édifice est organisé autour d’une cour intérieure délimitée par deux pavillons, les classes se trouvant dans le corps principal. Le traitement des entrées, la rationalité de la conception et le décor aux accents Art déco en font un bon exemple de l’architecture scolaire de cette période. La construction est l’oeuvre des architectes vichyssois Antoine CHANET et Jean LIOGIER.
Groupe scolaire, 1937, PARAY-le-MONIAL, rue de Bellevue – Antoine CHANET et Jean LIOGIER architectes
L’explosion démographique des années 1950-1960 et l’évolution de l’ensemble de la société dans les années 1960-1970 conduisent à définir de nouveaux enjeux en ce qui concerne les constructions scolaires. La rigueur et l’ordre cèdent leur place à la flexibilité et à la fluidité des espaces. Le temps scolaire n’est plus le seul temps d’utilisation de l’école, le lieu devient aussi le support d’activités péri-scolaires comme la garderie ou le centre de loisirs. La préfabrication d’éléments constructifs, l’utilisation de trames et de modules, l’emploi des couleurs, participent de cette volonté de réinventer une autre pédagogie et d’autres architectures.
A Chalon-sur-Saône,
A Chalon-sur-Saône, le groupe scolaire Pablo Neruda est ouvert en 1977 dans le nouveau quartier de la ZAC du plateau Saint-Jean. Conçu par Didier-Noël PETIT et Jean GIRODET, à partir d’une trame régulière engendrant un plan alvéolaire, l’édifice est composé d’une succession d’éléments semi préfabriqués. Des liens entre l’équipement et les cheminements piétons du quartier ont été établis. L’école primaire et l’école maternelle sont indépendantes ; l’articulation du plan permet cependant une utilisation commune des espaces annexes qui les relient : mini-théâtre, salles d’activités, bibliothèque… Un patio central est ménagé au cœur de l’école. L’utilisation de la couleur et des reliefs du béton transforment les murs-écrans en tableaux rappelant l’œuvre contemporaine de Vasarely.
Dans les années 1980, le rapprochement entre pédagogie et architecture a fait l’objet de nombreuses expérimentations. Loin des plans types et des écoles ォ clés en main サ, chaque école devient aussi le support de la vie communale, participant au maintien de la population locale, et le résultat de l’engagement pédagogique des instituteurs. L’importance accordée aux premières années de l’enfance et l’accroissement de la scolarisation des plus jeunes ont notamment renforcé l’attention portée à la conception des écoles maternelles.
A Clessé
A Clessé, en 1984, une expérience originale a permis d’associer la construction d’une nouvelle école à un projet éducatif sur l’espace sonore. Mené par l’architecte Christian BERNARD et l’association ACIRENE, le projet a abouti à la réalisation d’un bâtiment conçu comme un support d’apprentissage de la perception. Le système constructif en ossature bois se veut une référence aux jeux de construction. La présence de cinq éléments symboliques est intégrée aux différents espaces (l’eau de la fontaine, le feu du coin cheminée, le vent des girouettes, la terre du bac à sable, le soleil à travers les verrières). De nombreux objets sonores sont également disposés dans la cour de l’école, depuis les tuyaux amplificateurs de sons au caillebotis traité comme un xylophone géant.
Ecole maternelle, 1984, CLESSE / Atelier Christian BERNARD architecte
Depuis les années 1990-2000, l’organisation de l’enseignement primaire par cycles et la recherche d’économie dans la gestion des équipements publics amènent nombre de collectivités à repenser leurs écoles. Les regroupements intercommunaux, la création de groupes scolaires remplaçant des écoles dispersées, l’extension ou la réhabilitation de bâtiments anciens forment dorénavant une large partie des projets architecturaux. Comme les approches pédagogiques s’éloignent peu à peu des dogmes généralistes pour devenir des démarches plus adaptées aux élèves, l’architecture intègre également des dimensions singulières et locales, respectueuses de l’urbanité, des paysages et des édifices existants.
A Saint-Boil
A Saint-Boil, le groupe scolaire Jules Verne a été réalisé à l’échelle de trois communes : Saules, Chenôves et Saint-Boil. Constituant une nouvelle centralité intercommunale, son architecture prend appui sur le paysage de coteaux viticoles.
Groupe scolaire Jules Verne, 2006, SAINT-BOIL / Hervé REGNAULT architecte
Une large phase de programmation et de concertation a eu lieu entre tous les acteurs du projet. L’architecte, Hervé REGNAULT, a également porté une grande attention à l’échelle des aménagements, toujours situés à hauteur des enfants.
A Ecuisses
A Ecuisses, la mairie-école bâtie en 1887 sur les plans de François DULAC, a été plusieurs fois remaniée. En 2009, les architectes Isabelle SENECHAL-CHEVALLIER et Eric AUCLAIR, ont été en charge de l’extension de l’école maternelle. Cherchant à améliorer le fonctionnement général du quartier rassemblant dans un même ilot mairie, écoles, cantine et centre d’accueil petite enfance, le projet vise également à prolonger l’architecture existante, sans pastiche, dans le respect de la composition d’origine, mais en affirmant la contemporanéité de leur intervention.
Extension de l’école, 2008, ECUISSES Atelier d’architecture Isabelle SENECHAL-CHEVALLIER et Eric AUCLAIR
Parmi les évolutions les plus récentes de l’architecture scolaire, les problématiques liées au développement durable et aux économies d’énergie incitent aujourd’hui les maîtres d’ouvrages à réaliser des bâtiments exemplaires et très performants, servant de fer de lance à cette démarche d’éco-construction. Les principes de sobriété et d’efficacité énergétiques, comme ceux d’utilisation des énergies renouvelables, se conjuguent avec les exigences de confort intérieur et de matériaux sains.
L’ensemble des ressources mises en oeuvre dans la construction fait l’objet d’une approche globale. Outre l’énergie, la gestion de l’eau, l’utilisation de matériaux et de savoirs-faire locaux, l’impact économique et social, l’intégration de facteurs culturels singuliers sont pris en compte dans certaines démarches qui font de la construction d’une école un acte citoyen, durable et écologiquement responsable.
A Montchanin
A Montchanin, la volonté communale, soutenue notamment par les institutions régionales et l’appel à projet pour des « bâtiments basse consommation » , a permis la réalisation d’une école maternelle très compacte, orientée de façon à bénéficier des apports de lumière naturelle et d’énergie solaire, fortement isolée et au final, très peu consommatrice en énergie (39 kwh/m2/an).
Ecole maternelle Charles Perrault, 2010, MONTCHANIN / SCPA PERCHE BOUGEAULT
Conçue par les architectes Patrick BOUGEAULT et Marie-Anne PERCHE, l’école comprend des espaces collectifs (salle d’évolution, bibliothèque) tournés vers la rue tandis que les classes s’ouvrent du côté d’un jardin pédagogique.
L’école primaire de Rudrapur
L’école primaire de Rudrapur, village du nord-ouest du Bangladesh, a été construite en quatre mois, sans autre outil que leurs mains par les artisans locaux, les élèves, les parents d’élèves et les professeurs avec les conseils de professionnels venus d’Allemagne et d’Autriche. Les architectes, Anna HERINGER, d’Autriche, et Eike ROSWAG, d’Allemagne, ont su adapter le projet aux savoirs-faire des artisans locaux pour leur transmettre de nouvelles techniques, utilisables par la suite pour améliorer les standards d’habitation rurale.
Ecole, 2006, RUDRAPUR (BANGLADESH) / Anna HERINGER et Eike ROSWAG architectes.
Fruit d’une profonde compréhension des matériaux ainsi que d’un rapport sincère avec les populations locales, cette école révèle le meilleur des matériaux locaux en les combinant de manière inventive avec des techniques de construction plus élaborées. Les matériaux issus de la terre, tels que le limon et la paille sont combinés avec des éléments plus légers tels que les branches de bambous et les cordes de nylon pour réaliser une construction dont la durabilité est exemplaire. Ce projet est l’un des projets primés par le prix Aga Khan d’architecture 2007.
Thomas HERITIER
architecte conseil au CAUE de Saône-et-Loire
CAUE de Saône-et-Loire
6 quai Jules-Chagot_ – BP 225 / 71 308 Montceau-les-Mines Cedex
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